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Jean-Pascal le jeu
18 août 2006

Le capitaine

Jeu complexe. Elise, Nat, Gilles. Avril 2006. 

Le jour se levait tout juste sur le port de Marseille, les dockers profitaient de la fraîcheur matinale pour décharger d’importants paquets étiquetés « Rutabagas ». Après quelques heures sur ce chargement, ils passèrent à des plans d’abricotier libanais, tandis que là-haut, dans la capitainerie, les hauts responsables causaient plan annuel, délocalisation et flexisécurité.
L’après-midi touchait à sa fin, offrant aux habitants un magnifique coucher de soleil sur la méditerranée tandis que les premières étoiles de la constellation de Castor et Pollux dardaient leurs timides lueurs. En harmonie parfaite avec le camaïeu rouge orangé du ciel, le capitaine s’empourprait davantage à chacun de ses pas, tandis qu’il filait en grande hâte vers le quai n°8, où un docker avait accidentellement renversé un colis.
capitaine_02
Arrivé près de ce tzigane qui faisait deux têtes de plus que lui, il voulut commencer une de ces phrases ampoulées qui le caractérisaient, mais, avant qu’il ait ouvert la bouche, l’homme puissant leva une de ses énormes paluches. Les cheveux du capitaine, dont il était si fier des nuances poivre et sel, devinrent instantanément blancs comme neige : il crut sa dernière heure arrivée et toute sa vie lui revint en mémoire, notamment sa nuit de noce dans la campagne italienne et leurs gigantesques assiettes de spaghettis bolognaises. « Criii »… un son perçant sorti le bonhomme de ses pensées alors qu’il en était aux années 90 et à son périple à Ottawa.
Au-dessus de leurs têtes, le filin qui retenait la dernière caisse du bateau s’était libérée de l’emprise de la grue de déchargement et se déroulait à la vitesse de l’éclair ; il eut juste le temps de plonger dans un recoin jonché de vieilles bouteilles de bière avant de ressentir un choc qui n’avait rien à envier à une secousse tellurique. Devant lui se tenait une sublime jeune femme dont les charmes n’avaient rien de virtuel : elle émergeait des débris de la caisse brisée qui l’avait cachée des douaniers ; emporté par les effluves de cette princesse exotique, le capitaine avait enfin trouvé sa raison de vivre

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