Mathilda
Jeu complexe. Elise, Gilles, Nat. Février 2007.
Une voix tonitruante émanait du centre de l’agora, c’était Thalès qui haranguait la foule : « Tous des pignoufs ! ».
Penchée sur son évier en inox, Mathilda se demanda pourquoi utiliser un tel anachronisme dans un péplum. Elle regrettait de ne pas avoir choisi de visionner « Autant en emporte le vent », ce chef-d’œuvre des films de la guerre de Sécession. Elle arrangea ses cheveux et jeta un coup d’œil par la fenêtre – dehors, un randonneur essayait de traverser le périphérique. Tétanisée devant tant d’inconscience, les mains figées dans ses gants mappa roses, elle se mit à fredonner la mélodie du Carmina Burana, tout en machouillant nerveusement le cure-dent qui n’avait pas quitté ses lèvres depuis le déjeuner. Afin de se remettre de son angoisse, elle mit en route le percolateur, se surprenant à balbutier quelques borborygmes ésotériques. Le chat qui d’habitude ne quittait pas le canapé lui enfonça une griffe jusqu’à la rotule, mais, vraiment trop sonnée, elle n’arrivait qu’à poursuivre son improvisation syncopée.
« Cette série californienne pseudo-lynchienne est vraiment pathétique » se dit Barnabé tout en éteignant son poste de télévision et reléguant par là-même Mathilda et sa cascade de sottises au néant.