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Jean-Pascal le jeu

13 février 2007

Mathilda

Jeu complexe. Elise, Gilles, Nat. Février 2007.

Une voix tonitruante émanait du centre de l’agora, c’était Thalès qui haranguait la foule : « Tous des pignoufs ! ».
Penchée sur son évier en inox, Mathilda se demanda pourquoi utiliser un tel anachronisme dans un péplum. Elle regrettait de ne pas avoir choisi de visionner « Autant en emporte le vent », ce chef-d’œuvre des films de la guerre de Sécession. Elle arrangea ses cheveux et jeta un coup d’œil par la fenêtre – dehors, un randonneur essayait de traverser le périphérique. Tétanisée devant tant d’inconscience, les mains figées dans ses gants mappa roses, elle se mit à fredonner la mélodie du Carmina Burana, tout en machouillant nerveusement le cure-dent qui n’avait pas quitté ses lèvres depuis le déjeuner. Afin de se remettre de son angoisse, elle mit en route le percolateur, se surprenant à balbutier quelques borborygmes ésotériques. Le chat qui d’habitude ne quittait pas le canapé lui enfonça une griffe jusqu’à la rotule, mais, vraiment trop sonnée, elle n’arrivait qu’à poursuivre son improvisation syncopée.
« Cette série californienne pseudo-lynchienne est vraiment pathétique » se dit Barnabé tout en éteignant son poste de  télévision et reléguant par là-même Mathilda et sa cascade de sottises au néant.

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11 février 2007

Véronique

Jeu complexe. Nat, Elise, Gilles. Février 2007.

La boutique de cosmétiques de Véronique commença son déclin le jour où la sonnette fit « ding » alors qu’elle s’avalait un plumpudding.
Un homme, engoncé dans un anorak aux rembourrages impressionnants, digne de la tenue de Goldorak, s’effondra sur le carrelage et dans un ultime effort leva la tête et murmura « C’est Karim ». Véronique plongea son regard dans ses yeux. Elle reconnut après quelques secondes ce jeune morveux. C’était la nouvelle recrue qui portait le matricule quatre-vingt.
Après avoir fermé sa boutique, elle l’emmena dans le souterrain. De savoir ce morveux estourbi lui fit un véritable big-bang dans la cabeça, et c’est comme un zombie qu’elle l’enterra sous une voûte, tandis que retentissait au loin la musique du magasin – un orchestre jouait « La cucaraça ».
C’est en remontant l’escalier abrupt qu’elle s’aperçut que sous le poids du jeune gaillard elle s’était démis l’omoplate, laquelle saillait désormais dans son dos comme une hideuse nervure,et, oubliant une fois encore son problème de rate, elle prit la direction de l’arrière-boutique pour se retaper avec une belle biture. Elle finit par dénicher derrière une fiole de parfum en forme de Porsche quelques boites de conserves contenant du borsch. L’esprit complètement fermenté par cette solution, son problème de rate devint une abstraction. Elle se libéra ainsi de toutes choses, et perçut alors  l’univers comme une gigantesque anamorphose, puis se dit qu’étant ambidextre, il lui serait facile de partir très loin, et renaître.

10 février 2007

Meurtre à Laval

Jeu complexe. Gilles, Nat, Elise. Février 2007.

Ville-phare du Royaume des palindromes francophones, Laval se réveilla ce matin apeurée : la digue qui la protégeait de la Mayenne suintait dangereusement. Les experts, après avoir pris connaissance des premiers paramètres de la menace, décidèrent d'évacuer d'urgence le parc Walibi-Schtroumpf. Au sein de la cohue des visiteurs guidés vers la sortie, les rumeurs allaient bon train "La ville va disparaître sous les eaux comme après l'ère de glaciation", alors que quelques inconscients plaisantaient "On va pouvoir pêcher les esturgeons par sa fenêtre !".
Pendant ce temps, les meilleurs architectes et les politiciens les moins affadis se réunirent pour trouver des astuces contre cette catastrophe. Dans son grand bureau de l'hôtel de ville, le maire, hystérique, sortit d'un tiroir un revolover, en fit tourner le barillet et y glissa une balle, en menaçant l'assemblée : "Trop de gens ici se croient à la sieste alors que mes Schtroumpfs sont en danger !". Visiblement encore sous l'emprise de la vodka partagée le midi avec le directeur du cirque de Moscou, il attrapa le numéro 1 du parti Radical par le col et lui colla son magnum sur la tempe. Tout en agitant le radicaliste comme un congas, il l'apostropha sans édulcorer ses mots : "C'est à cause de vos intrigues que je suis entrain de perdre ma digue ! Il le tua en prononçant cette maxime : "A Laval, toute justice vient du revolover".

20 août 2006

Julien et le fakir

Jeu complexe. Nat, Gilles, Elise. Avril 2006.

fakir_02

Traversant le marché, ils arrivèrent près du fakir, d’où émanait une odeur pestilentielle qui contrastait avec celles des épices et des fruits. Les trois étudiants, surpris dans une manifestation de paysans qui refusaient de sacrifier leurs vaches sacrées, commençaient à avoir le blues et rêvaient de retourner chez eux. Julien, épuisé par leur marche forcée et précipitée, s’accroupit, le dos contre le mur, face au fakir lui-même assis sur sa planche cloutée : « Incroyable, il doit avoir des coucougnettes en béton ! ».
« Victoire, se dit-il encore, nous avons rogné sur le budget du voyage jusqu’au dernier centime, mais nous avons enfin trouvé le maître qui m’apprendra à endurer toutes les souffrances de la vie. » Le fakir, complètement déconcentré maintenant par les manifestants, se releva avec nervosité de sa planche : nos trois voyageurs jugèrent plus prudent de se diriger vers un escalier qui menait vers la ville basse.
Julien, qui espérait secrètement que le fakir les suivait, s’arrêta pour déballer un carambar, tout en faisant mine d’admirer un sari orné du héros Harry Potter en pleine action. Alors qu’autour de lui une foule véhémente passait en furie, qu’un chien errant le cognait même dans sa fuite, suivi de près par un souriceau fakir_01assourdi, il restait hébété, entre fatigue et mysticisme, et ses yeux faisaient un aller-retour incessant entre le sari et les escaliers. Pendant qu’un reporter embusqué sur un balcon au dessus de la foule vociférante mitraillait la scène avec son Leica, les trois jeunes touristes embarqués dans une affaire nettement plus dangereuse eurent par un coup du sort, la chance de retrouver à la porte d’un restaurant français dans lequel ils s’engouffrèrent.
Ils ne surent par quel prodige le fakir s’y trouvait déjà, attablé devant une assiette de profiteroles. Fasciné, Julien plongea son regard dans le sien, c’est alors qu’une voix résonna dans sa tête « N’ergotons pas Julien, tu es celui que j’attendais, celui que toute la ville attend... »

18 août 2006

Le capitaine

Jeu complexe. Elise, Nat, Gilles. Avril 2006. 

Le jour se levait tout juste sur le port de Marseille, les dockers profitaient de la fraîcheur matinale pour décharger d’importants paquets étiquetés « Rutabagas ». Après quelques heures sur ce chargement, ils passèrent à des plans d’abricotier libanais, tandis que là-haut, dans la capitainerie, les hauts responsables causaient plan annuel, délocalisation et flexisécurité.
L’après-midi touchait à sa fin, offrant aux habitants un magnifique coucher de soleil sur la méditerranée tandis que les premières étoiles de la constellation de Castor et Pollux dardaient leurs timides lueurs. En harmonie parfaite avec le camaïeu rouge orangé du ciel, le capitaine s’empourprait davantage à chacun de ses pas, tandis qu’il filait en grande hâte vers le quai n°8, où un docker avait accidentellement renversé un colis.
capitaine_02
Arrivé près de ce tzigane qui faisait deux têtes de plus que lui, il voulut commencer une de ces phrases ampoulées qui le caractérisaient, mais, avant qu’il ait ouvert la bouche, l’homme puissant leva une de ses énormes paluches. Les cheveux du capitaine, dont il était si fier des nuances poivre et sel, devinrent instantanément blancs comme neige : il crut sa dernière heure arrivée et toute sa vie lui revint en mémoire, notamment sa nuit de noce dans la campagne italienne et leurs gigantesques assiettes de spaghettis bolognaises. « Criii »… un son perçant sorti le bonhomme de ses pensées alors qu’il en était aux années 90 et à son périple à Ottawa.
Au-dessus de leurs têtes, le filin qui retenait la dernière caisse du bateau s’était libérée de l’emprise de la grue de déchargement et se déroulait à la vitesse de l’éclair ; il eut juste le temps de plonger dans un recoin jonché de vieilles bouteilles de bière avant de ressentir un choc qui n’avait rien à envier à une secousse tellurique. Devant lui se tenait une sublime jeune femme dont les charmes n’avaient rien de virtuel : elle émergeait des débris de la caisse brisée qui l’avait cachée des douaniers ; emporté par les effluves de cette princesse exotique, le capitaine avait enfin trouvé sa raison de vivre

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16 août 2006

Le commis

Jeu complexe. Gilles, Elise, Nat. Avril 2006.

commis_03Fernande, la fermière cantonnée dans ce village d’Okinawa, avait de fortes présomptions sur l’innocence de son commis, quand elle entendit un tonitruant Banzaï !! sortir de la chambre de celui-ci. La surprise lui fit lâcher la palme avec laquelle elle s’éventait, écoeurée par l’odeur entêtante de paprika qui émanait une fois encore de chez ses voisins hongrois. commis_04

Une porte claqua violemment contre le mur, et le commis apparut, affligé de mouvements imprévisibles, sans que la vieille sache s’il dansait la samba ou s’il s’entraînait à repiquer le riz des rizières. La pauvre femme toute émue par l’apparition du petit japonais hystérique, commença à s’inquiéter pour les quelques bibelots de porcelaine entreposés chez son commis habituellement si précautionneux : chancelante, elle se rattrapa à la rambarde de l’escalier.

« Il ne supporte pas le choc », songea-t-elle en repensant au jour où sa maman avait été retrouvée morte, une raquette de badminton autour du cou et où l’on avait bien rapidement accusé le fils d’assassinat. commis_02
Elle se saisit rapidement d’une bouteille de saké heureusement à portée de la main, la dégoupilla d’un geste vigoureux et, après l’avoir sniffée, la tendit au jeune homme qui ne cessait de remuer l’air de ses bras.
L’énergumène, arrêté dans son élan ne prit conscience de ce qui se présentait à lui qu’au bout de quelques secondes : sa fibre alcoolique prit le dessus et dans un grandiose sourire, il s’empara du flacon dégoupillé et offrit à son estomac une cascade roborative. Soudain repu, il s’affala sur le divan, crachant de ci de là des jets de saké, tel un lama sorti d’un zoo népalais dont on aurait chatouillé le menton, « c’est un avantage qu’il ne tienne pas l’alcool » pensa mémé. Puis, elle observa ce que le commis avait craché sur son journal : les grands noms du CAC40 de la page financière étaient parsemés de morceaux de chorizo. La gorge libérée, le jeune homme respirait maintenant à grands coups, à demi effondré dans le fauteuil de la vieille.

15 août 2006

Au musée

Jeu simple. Tiphaine, Elise. Février 2006.

Une femme à la chevelure filandreuse sortit du tableau. Elle hantait, depuis un siècle maintenant, ce petit musée de province. Elle en connaissait la moindre parcelle, la mélodie des poutres qui craquaient, le frisson des parquets sous ses doigts de pieds nus.
Toutes les nuits, elle suivait le même rituel et s’arrêtait, après avoir traversé rapidement la longue galerie, devant un compotier en argent. Lorsque la lune se reflétait dans le métal, le portrait du Comte de Champagne s’animait et lui aussi descendait, un bouquet de primevères à la main.
Dans l’atmosphère désuète du vieil hôtel particulier, les deux amants qui se faisaient face semblaient ne s’être jamais quittés ; ce soir là, seuls les après-ski oubliés dans un coin par le gardien venaient troubler cette image du passé. Le malheur voulut que le Comte posât les yeux sur ces objets déplacés et voulût s’en emparer : cela rendit le charme inopérant. La comtesse, qui savait ce que ce loupé signifiait, poussa un cri alors que, déjà, ses cheveux tissaient autour de son corps un épais cocon qui l’isolerait à jamais de ce monde des esprits et de son tendre amant.

collage_Tiphainecollage_Elise

30 juillet 2006

Blanche

Jeu Simple. Elise, Tiphaine. Février 2006.

Blanche avait toujours arboré fièrement son estafilade, contant à son sujet mille et un récits fabuleux. Certains jours, elle la devait à un passage en fraude à travers les rouages de la machine à explorer le temps de son cousin Rodolphe. Parfois, ce long sillon devenait la signature d’une famille fortunée et maudite. Parfois encore, répondant au questionnaire d’un prétendant ébloui, elle prêtait à cette balafre des vertus magiques.
Mais un jour, un ami, profitant d’un tête à tête, lui déclara fébrilement : « Blanche, il te faut cesser ces caprices ! Arrête de faire l’enfant et reconnais qu’un jour où les moustiques pullulaient ta joue s’est infectée provoquant ce trait singulier. »
Blanche sourit tristement : « Nathaniel, c’est ce que mon père adoptif t’a raconté. Or, je me souviens de toutes mes vies et sache que nous nous sommes rencontrés à la cour de Louis XIV, alors que celui-ci te nommait roitelet d’une contrée lointaine. C’est en voulant te protéger contre les assauts d’un conquistador que je fus mortellement touchée au visage : cela mit définitivement un terme à notre amour et je ne gardais plus que cette trace physique de notre voyage irrationnel. »

29 juillet 2006

Mila

Récit inachevé. Tiphaine et Elise. 2005.

« T’as pas plus épineux comme problème ? » marmonna Gaston avant de fourrer un malabar dans sa bouche.
Mila baissa ses yeux lourds de larmes et serra bien fort la petite boite lapis lazulis dans son poing. Nul n’était plus perfectible que Gaston lors qu’il s’agissait d’écoute, mais ce jour là Mila avait vraiment envie qu’il prête l’oreille à propos de Snoop, son criquet.
D’un geste lent qui trahissait son intense réflexion, elle réajusta son chapeau pointu, elle venait d’inaugurer sa panoplie de fée et s’en mordait les doigts. Son insecte préféré était allé rejoindre la stratosphère quand elle avait tenté de dupliquer sa boite d’un coup de baguette magique : Snoop avait tout bonnement disparu ! Seul son abri bleuté ne s’était pas volatilisé.
« - Elémentaire ma chère Mila ! la voix rauque et traînante de son oncle la tira de ses pensées, tu as voulu la dupliquer et il a disparu, tente  maintenant de faire disparaître la boite et voyons…, voyons… »
...

29 juillet 2006

Zigouigoui

Récit inachevé. Elise et Tiphaine. 2005.

« Des zigouigouis, voilà le résultat ! » hurla Maximilien, la sueur au front et les mains tremblantes.
Marie Pervanche, don il inspectait le travail regarda ses chaussures puis le papillon qu’elle venait de remplir avec ses pattes de mouche habituelles. Les battements de son cœur se firent plus rapide, l’avait-il surpris caracolant sur une Harley pendant ses heures de services le matin même ? Aux yeux de Maximilien, le moindre petit écart de conduite prenait des allures de révolution et Marie savait que Johnny avait outrageusement gominé sa banane avant de la kidnapper sur son bolide. Certes, elle cumulait les fautes, et d’ailleurs, comment réagirait-il s’il apprenait qu’elle avait découvert ce jour-là que Napoléon lui-même était son ancêtre ?
Maximilien glissa sa main sous sa veste pour chercher un stylo dans sa poche intérieure et glissa d’un ton poivré « votre attitude ne manque pas de sel Mademoiselle Pervenche… » mais il fit tomber dans cet entrefaite sa carte de membre du club de généalogie.
...

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